LE VOYAGE PAR L'IMAGE

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MAROC : Marrakech N° 1 - Coup de foudre

 

 

 

Prière dans la rue à Marrakech

 

 

 

Quinze jours avant la fermeture de ma société, je n’avais toujours pas choisi la destination de mes prochaines vacances.

Je pénétrai dans l’agence de voyages dirigée par une amie, persuadée qu’elle allait apporter des solutions à mon indécision.
Compte tenu de la période et de mon budget, elle n’avait que deux pays à me proposer.
Il s’agissait de la Tunisie et du Maroc.

J’éliminai la Tunisie, pays dans lequel j’avais déjà séjourné et me laissai influencer par un voyage à Marrakech. En 2002, cette destination commençait à devenir à la mode. De ce fait, je n’avais pas envisagé de m’y rendre et puis je ne voyais pas du tout ce que j’aurais pu y faire. La gérante de l’Agence entreprit de me convaincre du contraire.

 

C’est ainsi que je me suis retrouvée, début août, en 2002, dans un avion à destination de Marrakech.
Pendant le voyage, j’ai oublié de lire l’ouvrage acheté dans l’aéroport pour entamer une conversation avec ma voisine de siège. Conviée à une randonnée, elle partait rejoindre deux de ses amies aux alentours de Marrakech.

 

Comme nous n’avions pas abordé tous les sujets qui nous passionnaient, nos bavardages se sont poursuivis devant les postes de contrôle douaniers. J’eus le temps, de l’écouter et de remarquer la lenteur avec laquelle les douaniers s’emparaient de chaque passeport.

Puis quand ce fut mon tour, quel ne fut pas mon étonnement de constater que l’employé examinait le document comme si chaque détail revêtait une importance cruciale ?

D’ailleurs, malgré les nombreux salariés affectés à l’arrivée de ce charter qui, à mon avis, devait dépasser les 200 passagers, les touristes ne sortaient du poste de douane que par grappes de 2 ou 3 personnes avant de partir à la recherche du tapis destiné à la réception des bagages.

 

Amusées, nous en avons déduit que notre heure de coucher serait tardive. Ma compagne de voyage ne semblait pas s’en formaliser.

Ce qui n’était pas le cas de certains passagers dont l’énergie se dispersait en propos injurieux adressés au personnel de l’aéroport.

 

Ma valise récupérée, j’ai tourné le dos au premier épisode de mon arrivée.

 

 

En sortant de l’aéroport, je me souviens avoir remarqué la beauté du carrelage. Je n’ai pas songé à mieux l’observer, car d’emblée, mes narines ont été investies d’odeurs florales identifiables et mes poumons d’un air chaud proche ou supérieur à 20 degrés.

Une seule phrase, comme un refrain, chantait dans ma tête : « que je suis bien ici ! » Cette joie allait m'accompagner pendante toute la durée du séjour.

 

 

Quand un guide s’est approché de moi en brandissant la pancarte sur laquelle était inscrit le nom de mon voyagiste, j’ai décliné mon identité. Je l’ai suivi vers le petit taxi jaune garé à proximité, dans un état second, un peu comme si j’avais été droguée.

 

 

Sauvée par le silence de mon compagnon de route, j’ai appuyé mon nez au plus près de la vitre pour regarder le spectacle qui se déroulait devant mes yeux. Il me paraissait bien insolite, à moi qui avais visité quelques pays lointains, mais n’avais jamais imaginé mettre un pied en Afrique du Nord.

 

 

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De l’intérieur du taxi, mes yeux captaient les lumières blafardes des lampadaires qui se dupliquaient sur les habitations et dont beaucoup n’étaient pas achevées.

 

 

 

 

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Au fur et à mesure que le taxi roulait, les silhouettes d’hommes seuls ou accompagnés se dessinaient sur la couleur ocre des remparts et dans les ruelles à peine entrevues. Des ânes faméliques et courageux tiraient des charrettes où la place de chaque ballot avait été calculée. Des chariots, dont les formes initiales disparaissaient sous des monticules d’objets, étaient tirés par des hommes revêtus d’une djellaba ou de vêtements occidentaux.

Des cyclistes ignorant le Code de la route prenaient des risques insensés pour les dépasser.

 

 

 

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Quant aux voitures chargées comme des camions, elles méprisaient les feux rouges. Elles coupaient la route à des mobylettes sur lesquelles deux personnes voire trois, maintenaient tant bien que mal, un semblant d’équilibre.

Tous se croisaient, se doublaient, s’entouraient, s’évitaient, s’invectivaient, se klaxonnaient, sans se heurter dans une farandole sans fin.

 

 

Le long des remparts qui n’en finissaient pas, de s’allonger, mon chauffeur jusqu’ici muet, ouvrit la bouche aussi rapidement qu’il la referma pour simplement me signaler que les murs s’étendaient sur 19 ou 20 kilomètres.

 

 

 

 

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Je n’ai pas répondu, car sincèrement, je n’avais pas assez de mots, de qualificatifs, de verbes pour décrire ce que je voyais devant mes yeux à presque 1 heure du matin !

Ce n’est pas de deux yeux dont j’aurais dû disposer, mais de quatre !

 

Je pense que cette béatitude et cette euphorie conjuguées forment le noyau de ce que j’ai identifié plus tard comme étant un coup de foudre.

 

 

Pendant que mon taciturne chauffeur déposait mes valises dans le hall de l’hôtel, une charmante jeune femme m’accueillait, un verre de jus de fruits à la main. J’avoue avoir éprouvé dans ce hall un certain sentiment d’irréalité pendant que je remplissais les documents qu’elle avait délicatement déposés près de mon sac.

Quand elle m’a présenté, souriante, les clefs de ma chambre sans oublier de me souhaiter une bonne nuit, j’ai ressenti une impression particulière : celle d’être bien à ma place, dans un moment donné et dans un endroit donné. Cette sensation s’est d’ailleurs amplifiée tout au long de mon séjour dans cette ville.

 

 

Trop excitée pour me coucher immédiatement, j’ai commencé à ranger le contenu de ma valise, ouvert la fenêtre, essayé de deviner le jardin, respiré l’air chaud chargé de parfums.

L’obscurité totale ne m’a pas permis de revoir ce que les phares du petit taxi m’avaient permis d’entrevoir.

 

J’avoue avoir très mal dormi cette nuit-là.

D’autant qu’au petit matin, un paon jouait, par ses cris perçants, à réveiller les touristes encore endormis. Il était 6 ou 7 heures du matin.

J’ai bien essayé de le voir, mais je n’y suis pas parvenue. Il m’a fait courir dans le jardin de l’hôtel au milieu des plantes aux formes étranges ressemblant à des cactus et des fleurs délicates, colorées, plus belles les unes que les autres. Frappée d’amnésie, ma mémoire est incapable à ce jour d’en décrire la plupart d’entre elles.

 

 

Avant d’aller me restaurer, un passage dans la salle de bains spacieuse à la décoration soignée, s’imposait. J’ai toujours aimé les salles de bains. Celle-ci demeure encore aujourd’hui inscrite dans ma mémoire comme si elle y avait été tatouée.


Des détails me reviennent : de la vasque bleue du lavabo en forme de paquebot, à la baignoire d’une couleur claire suffisamment profonde cependant pour prendre un bain à deux, à l’immense glace fixée au mur qui me donnait le sentiment d’être une femme différente.

 

Tous ces détails ont participé  à leur façon à conserver à ce séjour une magie; une magie peut-être orientale, mais d’une telle intensité, que je la qualifie encore aujourd’hui de coup de foudre à Marrakech".

 

 

 

 

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27/01/2012
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