Ecrivains marocains - un aperçu
Un pays se découvre également grâce à sa littérature.
Essaouira
Quels sont ceux qui savent que le passé littéraire du Maroc remonte à l’Antiquité ?
Volubilis
Beaucoup de textes en arabe regroupés sous forme de manuscrits ont été perdus ou ont disparu dans des bibliothèques privées. Quelques-uns ont été lithographiés à FÈS ou traduits en langues européennes à la fin du XIXe siècle.
Teinturiers de Fès
L’ouverture du Maroc à la modernité européenne a vu naître une littérature de voyageurs et d’écrivains :
- Pierre LOTI qui a écrit un ouvrage intitulé "Au Maroc".
Pour résumer, Pierre LOTI raconte son périple de Tanger à Fez, et au retour, de Meknès à Tanger dans le cadre de la mission diplomatique du ministre Patenôtre.
- CHEVRILLON qui a publié des ouvrages moins connus tels que : "Un crépuscule d’Islam" écrit en 1906, "Marrakech dans les palmes" écrit en 1913 ou encore "Visions du Maroc" en 1933.
Quant aux Frères THARAUD, certains de leurs nombreux romans concernent le Maroc "Fès ou les bourgeois de l’Islam"
"Marrakech ou les seigneurs de l’atlas"
ou encore "Rabat ou les heures marocaines".
Je pourrais parler aussi de l’écrivain globe-trotter né en 1863 et mort en 1915, Jules HURET ou encore de l’infatigable voyageur Daniel RONDEAU avec "Tanger et autres Maroc".
Plus tard, l’exotisme de la littérature coloniale a rendu possible l’apparition d’une production nationale de langue française :
- Abdelkader CHATT en 1932 qui a écrit un livre important "Mosaïques ternies".
- Ahmed SEFROUI né en 1915 et mort en 2004 qui a publié de nombreux romans.
- Driss CHRAIBI né en 1926 et mort en 2007 a inscrit par le biais de son livre "Le passé simple" la littérature marocaine dans la modernité.
D'autres sont devenus célèbres grâce aux revues "Eaux vives en 1965", "Souffles" en 1966-1972, "Intégral" en 1971-1978 :
- Abdellatif LAABI
- Mohammed KHAIR-EDDINE
- Abdeklébir KHATIBI
et surtout TAHAR BEN JELLOUN, écrivain marocain de langue française, originaire de Fès (ville dont son œuvre explore la topographie mythique). Il a soutenu une thèse de psychiatrie sociale, dont il a tiré un essai sur la misère morale et sexuelle des immigrés maghrébins "La Plus Haute des solitudes" (1977).
Venu à la littérature dans la mouvance de la revue Souffles, qui liait la critique de la situation marocaine à un travail littéraire de subversion des formes, il s’est installé à Paris pour y devenir écrivain et journaliste. Homme de dialogue, il incarne l’intellectuel moderne du Maghreb, « passeur » de culture entre les deux rives de la Méditerranée.
Depuis les années 1980 sont apparus :
- Edmond Amran El Maleh
- Abdelhak Serhane avec notamment "Messaouda", "les enfants des rues étroites"
- Fouad Laroui
- Mohamed Zaf-zaf avec "l’œuf du coq".
- Abdellah TAÏA né en 1973 à Salé qui se distingue particulièrement avec "une mélancolie arabe" ou "le jour du noir" ou encore avec "un pays pour mourir".
Mais c'est surtout l'autodidacte Mohamed CHOUKRI qui retient mon attention pour la particularité de son parcours.
Mohamed CHOUKRI, né le 15 juillet 1935 dans le Rif et mort le 15 novembre 2003 à Tanger, est un auteur marocain arabophone d'origine berbère.
Élevé dans une famille pauvre, il s'enfuit à l'âge de 11 ans et devient enfant des rues de Tanger, où il vit dans les bas-fonds de la ville, au milieu de la misère, de la violence, de la prostitution et de la drogue.
À l'âge de 20, il décide d'apprendre à lire et à écrire et deviendra instituteur.
Dans les années 60, dans le Tanger cosmopolite, il fera la rencontre de Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams. Son succès international viendra avec la traduction en anglais par Paul Bowles d’Al-khoubz Al-Hafi (Le Pain nu) en 1973. Le livre sera traduit en français par TAHAR BEN JELLOUN en 1980 (éditions Maspéro), publié en arabe en 1982 et interdit au Maroc de 1983 à 2000.
Ses principales œuvres seront la trilogie autobiographique commencée avec "Le pain nu", suivi de "Le temps des erreurs" ou" La sagesse de la rue" puis "Visages". Il écrira aussi une série de nouvelles ainsi que des recueils de mémoires concernant ses rencontres avec les écrivains Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams.
Le 15 novembre 2003, à l'hôpital militaire de Rabat, Mohamed CHOUKRI succombe à un cancer. Il est inhumé au cimetière Marshan à Tanger le 17 novembre en présence du ministre de la Culture, de hauts fonctionnaires, de personnalités du monde de la culture et du porte-parole du palais royal.
Avant de mourir, il créa une fondation Mohamed Choukri (président, Mohamed Achaâri), possédant ses droits d'auteur, ses manuscrits et travaux personnels. Il fit bénéficier d'une pension à vie à sa domestique, Fathia, qui passa près de 22 ans à travailler pour lui.
Le livre 'Le pain nu", fera en même temps qu'un succès international après la traduction en anglais de Paul Bowles un scandale dans les pays arabes. Après l'édition en arabe en 1982, le livre sera interdit en 1983 sur décision du ministre de l'Intérieur Driss BASRI, suivant les recommandations des oulémas, scandalisés par les références aux expériences sexuelles du jeune adolescent et les références répétées aux drogues. La censure prendra fin en 2000, "Le pain nu" paraît au Maroc. En 2005, "Le pain nu" sera retiré du syllabus d'un cours de littérature arabe moderne à l'Université américaine du Caire, car il contiendrait des passages sexuellement explicites.
Pour la petite histoire, Paul BOWLES écrivain américain né à New York en 1910 s'est installé à Tanger où il a écrit de nombreux romans, dont "Réveillon à Tanger".
On pourrait aussi citer un autre romancier Mohamed LEFTAH (1946-2008) qui a fait ses études à Casablanca. Ce romancier affiche une écriture à la fois crue et poétique, jouant de la transgression pour peindre la société marocaine à la lumière du désir sexuel.
Dans ce fatras d'informations, il ne faut pas oublier les femmes.
Je pense notamment à Fatima OUFKIR dont l'histoire personnelle est intimement liée à celle du Maroc avec "Les jardins du roi".
En collaboration avec Michèle FITOUSSI, Malika OUFKIR de la même famille a rédigé "La prisonnière" qui mérite une lecture attentive.
Citons aussi "Rêves de femmes" , "Une enfance au Harem", l'un des ouvrages de FATIMA MERNiSSI née en 1940 à Fès, qui est sociologue, écrivaine et féministe marocaine.
Elle s’inscrit dans l’une des premières écoles privées mixtes du pays et poursuit ses études à Rabat, puis en France et aux États-Unis.
Depuis les années 1980, elle enseigne à l’université Mohammed V de Rabat. Elle mène en parallèle à sa carrière un combat dans la société civile en fondant les « Caravanes civiques » et le collectif « Femmes, familles, enfants ». Elle a reçu en mai 2003, avec Susan Sontag, le prix littéraire du Prince des Asturies.
Ses nombreux livres figurent sur les sites référencés sur internet. Elle y parle fort bien de la femme marocaine.
D'autres femmes moins médiatisées qu'elle ont également écrit avec leur sensibilité, leur engagement, leur vécu :
- Noufissa SBAI, née à Tanger avec "L'amante du Rif"
- Yasmine CHAMI-KETTANI avec "Cérémonie"
- Zakya DAOUD avec "Zaynab "- "Reine de Marrakech"
- Anissa BELLEFGIH avec "Yasmine et le talisman"
- Isabelle IDALI-DEMEYERE avec "Ahouach — Quatre saisons chez les Berbères du Maroc"
- Touria HADRAOUI avec "Une enfance marocaine"
et tant d'autres .
Dans la médina à Taroudant
D'autres auteurs de différentes nationalités ont su aussi parler du Maroc :
- VAN DER YEUGHT Michel avec "Le Maroc à nu"
- LE COZ avec "Les silences de Marrakech"
- Pierre VERMEREN avec "Le Maroc" idées reçues
- Mohammed DIB avec "La grande maison"
- Élis CANETTI avec "Les voix de Marrakech"
- Tony BARTON avec "Le conteur de Marrakech"
- Jean GUERRESCHI avec "Je n'en reviens pas"
- Rajae BENCHEMSI avec "Marrakech lumière d'exil"
- Eric FOTTORINO avec le "Marcheur de Fès" et "Fils de berbères"
et j'en oublie !
BON VOYAGE VIRTUEL !